Albus avait l'impression que la rentrée n'avait eu lieu que la veille, tant le temps passait vite sous cette pile de paperasserie à n'en plus finir. Une paperasserie des plus inutiles le plus souvent. Tout ceci ne faisait que rendre les choses plus fastidieuses encore et plus lentes. désespéremment lentes même. Pourtant il n'était pas du genre pressé. Il avait perdu l'ardeur impatience de la jeunesse au profit de l'attente plus posée caractèristique de la vieillesse. Ce n'était pas pour autant qu'il restait inactif... oh que non. Disons simplement qu'il savait attendre le bon moment pour agir au lieu de se précipiter dans de possibles impasses. Oui attendre... Savoir attendre le moment propice devenait cruciale dans la guerre qui s'annonçait. Surtout quand il voyait, que déjà les problèmes et les obstacles s'accumulaient.
Il avait effectivement l'impression que le poids des ans avait finalement décidé de le rattraper et se sentait souvent las et fatigué, même s'il s'évertuait à n'en rien laisser paraître... Alors que ses pairs avaient la vivacité, le dynamisme et l'énergie dont cette école avait besoin... Seulement, d'autres les jugeaient encore trop jeunes. Certes, ils l'étaient, mais certains d'entre eux ne s'en montraient pas moins plus que compétents... Seulement voilà, dans cette sombre période de chaos, tous voulaient se voir rassuré. Et le savoir lui, le célébre Albus Dumbledore, à la tete de l'école semblait apaiser les esprits echauffés et paniqués. Et il devait avouer qu'effectivement, lui, ici, à Poudlard pourrait être un frein à la démence de Voldemort pour l'empêcher d'attaquer directement les jeunes élèves qui peuplaient le vieux chateau. Donc il restait. Et il resterait jusqu'à ce que son heure soit venue...
Bien sûr, Albus aimait Poudlard. C'était un peu devenu son chez-lui, après toutes ces années, et pour rien au monde il ne l'aurait abandonné... Surtout pas aux mains de Voldemort. Mais il avait aussi un combat à mener dehors... L'Ordre n'était encore qu'à son balbutiement, alors que les rangs des Mangemorts semblaient gonfler plus rapidement et que le Ministère ne cessait de se voiler la face... Comme d'habitude, eut-il été tenté d'ajouter avec une pointe d'amertume peu coutumière chez lui.
Il était ainsi perdu dans ses réflexions, son esprit vif bouillonnant à tout va, alors qu'il faisait les cent pas dans son bureau à travers les objets tous plus hétéroclites les uns que les autres qui peuplaient la petite pièce, quand il entendit quelqu'un frapper à sa porte, de façon à la fois discrète et déterminée.
- Entrez, fit-il alors.
Ce devait être la jeune Gryffondor de sixième année qu'il avait convoqué il y a peu. Il avait une proposition à lui faire... une proposition des plus intéressantes. Du moins l'espérait-il.